La fièvre
du carnage : tuez les tous !
Les dépêches d'agences de presse concernant l'épizootie
de fièvre aphteuse sont éloquentes : "fièvre aphteuse
: 35 000 bêtes tuées en France", "L'épidémie
ne faiblit pas et touche le sport de plein fouet", "fièvre aphteuse
: plus de 100 foyers détectés au Royaume-Uni", "fièvre
aphteuse : 8 nouvelles exploitations sous surveillance", "De vastes portions
du territoire britannique pourraient rester isolées"... etc etc
etc... On ne peut pas y échapper. C'est une épidémie
terrible que les médias se complaisent à ressasser jour après
jour en amplifiant le phénomène. A la télé
ce n'est plus que carcasses abattues et ensevelies à la va-vite,
périmètres de sécurité, bacs de décontamination,
paysans affolés, gouvernements prévenants et fermes.
Avec tout cela on en aurait oublié le principal : qu'est ce que
c'est que l'épizootie ? la fièvre aphteuse ? Comme d'habitude
on prend les gens pour des crétins. Un vrai boulot de journaliste
devrait normalement nous aider à comprendre le phénomène
et à faire en sorte que nous soyons moins cons. Mais non. Bon grâce
à MAB vous allez tout savoir, le pourquoi du comment...
D'abord en ce qui concerne l'épizootie, ce terme définit
une "épidémie frappant, dans une région plus ou moins
vaste, une espèce animale (notamment domestique) dans son ensemble"
(Dictionnaire Hachette). Ah on y voit un peu plus clair. Pour ce qui est
de la fièvre aphteuse l'Office vétérinaire fédéral
suisse en donne une bonne définition : "Maladie virale fortement
contagieuse, de forme aiguë affectant les biongulés. Elle est
caractérisée par des aphtes et des érosions au niveau
des muqueuses buccales et nasales, de même que sur le bourrelet coronaire
du pied." On y apprend que "Le virus reste pendant des mois infectieux
dans le lait cru, les produits laitiers insuffisamment chauffés,
la viande congelée et les salaisons (cochons) ; dans la crasse des
écuries, le fumier et le purin, il survit jusqu'à deux semaines."
On nous dit aussi que sa propagation est très rapide puisque qu'il
peut être propagé sur de longues distances, de manière
directe ou indirecte. Un virus dangereux mais pas si mortel que cela :
il faut savoir que la maladie n'est pas mortelle (elle est notamment bénigne
chez les moutons et les chèvres) sauf pour quelques cas (les jeunes
animaux surtout), que les animaux sont guéris deux mois après
et qu'au bout de quelques années l'animal redevient "comestible".
Pourtant on s'acharne à massacrer tous les animaux malades ou susceptibles
d'être touchés par la maladie. Ainsi en Angleterre plus de
400 000 animaux ont déjà été abattus ! Et (presque)
personne pour dénoncer ce carnage, ce massacre d'animaux justes
malades... La SPA (Société
Protectrice des Animaux) a elle réagi en dénonçant
cette "fièvre de l'abattage" tout comme la Confédération
paysanne. Mais pas de manifs à l'horizon. Et les médias ne
sont pas là pour faciliter les choses. Pas de réactions non
plus des éleveurs français contrairement aux Pays-Bas
où les éleveurs, soutenus par la population ont réagi
et manifesté leur désaccord. Où comme cette femme
qui a organisé une "marche silencieuse à la mémoire
des animaux abattus et qui s'indigne de la passivité des gens
: "Comment est-il possible que personne ne réagisse en Grande-Bretagne
et en France? Je ne veux pas que mes deux vaches et trois cochons, qui
sont mes animaux de compagnie, soient tués» (source Libération
du 28 mars 2001).
L'abattage plus "rentable" que la vaccination !
Pourtant une solution, un remède existe et il s'appelle vaccination.
Interdit depuis 1991 dans l'Union Européenne, ce vaccin, inoculé
aux animaux préventivement permettrait de stopper l'épizootie
et d'épargner les bêtes. Manque de bol l'abattage des animaux
s'avère plus "rentable" pour les paysans et les gouvernements que
la vaccination : remboursement du cheptel perdu pour les paysans et possibilité
d'exporter de la viande dans les pays étrangers. Car si on vaccinait
les animaux, ils ne seraient pas "comestibles" pendant un moment et les
paysans qui exportent beaucoup perdraient une source de revenus importante.
Ainsi au lieu de gérer cette épizootie efficacement on tombe
dans un schéma ubuesque, où la destruction des animaux ne
sert à rien puisque de toute façon il faudra les vacciner
: ce qu'à enfin compris l'Union européenne qui vient d'autoriser
des vaccinations ciblées en Angleterre. Mais le mal est fait et
une fois de plus les animaux sont les tristes perdants. L'homme n'est pourtant
pas bien loin de l'être aussi.
L'OS
PS : un entretien très intéressant :
Entretien avec Robert Delort, historien : "Les massacres de troupeaux
étaient rares dans le passé". Journal Le
Monde, article daté du 26/03/2001.
La privatisation provoque
la panne...
Aux Etats-Unis et plus précisément en Californie, des
coupures de courant ont touché de nouveau la population de
cet Etat lundi 19 mars. Déjà au mois de janvier les habitants
du nord de la Californie avaient déjà eu droit à des
coupures régulières d'électricité. Comment
me direz-vous font ils pour utiliser autant d'électricité
: ils laissent allumés toutes les lumières de leur maison
?, ils ont climatisé leurs jardins ?, le chauffage marche t'il à
fond dans les bureaux ? C'est bien sûr caricatural mais c'est presque
ça. Ces coupures sont en grande partie dues à l'utilisation
massive de climatiseurs et d'utilisations immodérées du courant.
Les deux fournisseurs d'électricité (Pacific Gas And Electric
et Southern California Edison), en faillite, sont dans l'impossibilité
d'acheter de l'énergie pour faire fonctionner leurs centrales aux
"fabricants". Et c'est là que l'on rigole : en 1996 l'Etat qui pensait
alors que cela allait faire baisser les prix "avait décrété
la privatisation et la dérégulation de la fourniture d'électricité"
(L'Humanité, 19 janvier 2001). Fatale erreur donc. Les "fabricants"
ont augmenté leurs tarifs et ils ont même profité de
la dernière pénurie pour les faire exploser... De plus les
deux boites locales privées citées n'ont pas amélioré
depuis leur capacité à fournir de l'énergie alors
que la demande progressait à vitesse grand V. Résultats :
coupures de courants, un Etat qui a déboursé 400 millions
de dollars pour acheter de l'électricité et qui prévoit
de racheter une partie des infrastructures de deux boites, une facture
d'électricité pour les consommateurs qui est en train de
monter.
Aidez ces pauvres américains dans leur dénuement,
envoyez leur vos restes de vieilles bougies, la lampe à pétrole
des grands parents ou des dynamos. Ils vous en seront reconnaissants...
Comme aurait pu l'écrire Michael Moore dans Dégraissez-moi
ça ! l'Etat le plus riche des USA est en fait un pays sous-développé
qui a besoin d' une aide d'urgence. Alors pour aidez ces pauvres américains
dans leur dénuement, envoyez leur vos restes de vieilles bougies,
la lampe à pétrole des grands parents ou des dynamos. Ils
vous en seront reconnaissants...
Bon sans déconner, cet événement montre une fois
de plus les effets néfastes du libéralisme et de la privatisation
de secteurs vitaux comme l'énergie. Mais c'est avant tout une mise
en garde aux Américains et au reste du monde : la surconsommation
d'électricité, d'énergie n'est pas la bonne solution
pour la survie du globe terrestre. Pourtant cela n'a pas l'air de dramatiser
Bush (le président) qui essaye de remettre au goût du jour
le développement d'un forage en Alaska (Libé du 21 mars)
et la logique du toujours plus ("on fait ce qu' on veut et on vous emmerde
!"). Fin mars il poursuivait sur sa lancée en refusant d'appliquer
une quelconque réduction des émissions des gaz à effets
de serre, telle que définie dans les accords de Kyoto. Mais là-dessus
les autres pays notamment dits "industrialisés" ne valent pas mieux
: aucun d'eux n'a encore signé la convention pour réduire
les émissions de gaz à effet de serre. Et en ce qui concerne
la France on est loin d'une réduction de la consommation d'énergie
et / ou du développement des énergies renouvelables. Y'a
du boulot donc...
L'OS