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Les réactions : avril 2001



 
 

La fièvre du carnage : tuez les tous !
 

Les dépêches d'agences de presse concernant l'épizootie de fièvre aphteuse sont éloquentes : "fièvre aphteuse : 35 000 bêtes tuées en France", "L'épidémie ne faiblit pas et touche le sport de plein fouet", "fièvre aphteuse : plus de 100 foyers détectés au Royaume-Uni", "fièvre aphteuse : 8 nouvelles exploitations sous surveillance", "De vastes portions du territoire britannique pourraient rester isolées"... etc etc etc... On ne peut pas y échapper. C'est une épidémie terrible que les médias se complaisent à ressasser jour après jour en amplifiant le phénomène. A la télé ce n'est plus que carcasses abattues et ensevelies à la va-vite, périmètres de sécurité, bacs de décontamination, paysans affolés, gouvernements prévenants et fermes. Avec tout cela on en aurait oublié le principal : qu'est ce que c'est que l'épizootie ? la fièvre aphteuse ? Comme d'habitude on prend les gens pour des crétins. Un vrai boulot de journaliste devrait normalement nous aider à comprendre le phénomène et à faire en sorte que nous soyons moins cons. Mais non. Bon grâce à MAB vous allez tout savoir, le pourquoi du comment... 

D'abord en ce qui concerne l'épizootie, ce terme définit une "épidémie frappant, dans une région plus ou moins vaste, une espèce animale (notamment domestique) dans son ensemble" (Dictionnaire Hachette). Ah on y voit un peu plus clair. Pour ce qui est de la fièvre aphteuse l'Office vétérinaire fédéral suisse en donne une bonne définition : "Maladie virale fortement contagieuse, de forme aiguë affectant les biongulés. Elle est caractérisée par des aphtes et des érosions au niveau des muqueuses buccales et nasales, de même que sur le bourrelet coronaire du pied." On y apprend que "Le virus reste pendant des mois infectieux dans le lait cru, les produits laitiers insuffisamment chauffés, la viande congelée et les salaisons (cochons) ; dans la crasse des écuries, le fumier et le purin, il survit jusqu'à deux semaines." On nous dit aussi que sa propagation est très rapide puisque qu'il peut être propagé sur de longues distances, de manière directe ou indirecte. Un virus dangereux mais pas si mortel que cela : il faut savoir que la maladie n'est pas mortelle (elle est notamment bénigne chez les moutons et les chèvres) sauf pour quelques cas (les jeunes animaux surtout), que les animaux sont guéris deux mois après et qu'au bout de quelques années l'animal redevient "comestible". Pourtant on s'acharne à massacrer tous les animaux malades ou susceptibles d'être touchés par la maladie. Ainsi en Angleterre plus de 400 000 animaux ont déjà été abattus ! Et (presque) personne pour dénoncer ce carnage, ce massacre d'animaux justes malades... La SPA (Société Protectrice des Animaux) a elle réagi en dénonçant cette "fièvre de l'abattage" tout comme la Confédération paysanne. Mais pas de manifs à l'horizon. Et les médias ne sont pas là pour faciliter les choses. Pas de réactions non plus des éleveurs français contrairement aux  Pays-Bas où  les éleveurs, soutenus par la population ont réagi et manifesté leur désaccord. Où comme cette femme qui a organisé une "marche silencieuse à la mémoire des animaux abattus et qui s'indigne de la passivité des gens :  "Comment est-il possible que personne ne réagisse en Grande-Bretagne et en France? Je ne veux pas que mes deux vaches et trois cochons, qui sont mes animaux de compagnie, soient tués» (source Libération du 28 mars 2001).
 
 

L'abattage plus "rentable" que la vaccination !




Pourtant une solution, un remède existe et il s'appelle vaccination. Interdit depuis 1991 dans l'Union Européenne, ce vaccin, inoculé aux animaux préventivement permettrait de stopper l'épizootie et d'épargner les bêtes. Manque de bol l'abattage des animaux s'avère plus "rentable" pour les paysans et les gouvernements que la vaccination : remboursement du cheptel perdu pour les paysans et possibilité d'exporter de la viande dans les pays étrangers. Car si on vaccinait les animaux, ils ne seraient pas "comestibles" pendant un moment et les paysans qui exportent beaucoup perdraient une source de revenus importante. Ainsi au lieu de gérer cette épizootie efficacement on tombe dans un schéma ubuesque, où la destruction des animaux ne sert à rien puisque de toute façon il faudra les vacciner : ce qu'à enfin compris l'Union européenne qui vient d'autoriser des vaccinations ciblées en Angleterre. Mais le mal est fait et une fois de plus les animaux sont les tristes perdants. L'homme n'est pourtant pas bien loin de l'être aussi.

L'OS

PS : un entretien très intéressant :
Entretien avec Robert Delort, historien : "Les massacres de troupeaux étaient rares dans le passé". Journal Le Monde, article daté du 26/03/2001.
 
 

La privatisation provoque la panne...
 

Aux Etats-Unis et plus précisément en Californie, des coupures de courant ont touché de nouveau  la population de cet Etat lundi 19 mars. Déjà au mois de janvier les habitants du nord de la Californie avaient déjà eu droit à des coupures régulières d'électricité. Comment me direz-vous font ils pour utiliser autant d'électricité : ils laissent allumés toutes les lumières de leur maison ?, ils ont climatisé leurs jardins ?, le chauffage marche t'il à fond dans les bureaux ? C'est bien sûr caricatural mais c'est presque ça. Ces coupures sont en grande partie dues à l'utilisation massive de climatiseurs et d'utilisations immodérées du courant. Les deux fournisseurs d'électricité (Pacific Gas And Electric et Southern California Edison), en faillite, sont dans l'impossibilité d'acheter de l'énergie pour faire fonctionner leurs centrales aux "fabricants". Et c'est là que l'on rigole : en 1996 l'Etat qui pensait alors que cela allait faire baisser les prix "avait décrété la privatisation et la dérégulation de la fourniture d'électricité" (L'Humanité, 19 janvier 2001). Fatale erreur donc. Les "fabricants" ont augmenté leurs tarifs et ils ont même profité de la dernière pénurie pour les faire exploser... De plus les deux boites locales privées citées n'ont pas amélioré depuis leur capacité à fournir de l'énergie alors que la demande progressait à vitesse grand V. Résultats : coupures de courants, un Etat qui a déboursé 400 millions de dollars pour acheter de l'électricité et qui prévoit de racheter une partie des infrastructures de deux boites, une facture d'électricité pour les consommateurs qui est en train de monter. 
 
 

Aidez ces pauvres américains dans leur dénuement, envoyez leur vos restes de vieilles bougies, la lampe à pétrole des grands parents ou des dynamos. Ils vous en seront reconnaissants...




Comme aurait pu l'écrire  Michael  Moore dans Dégraissez-moi ça ! l'Etat le plus riche des USA est en fait un pays sous-développé qui a besoin d' une aide d'urgence. Alors pour aidez ces pauvres américains dans leur dénuement, envoyez leur vos restes de vieilles bougies, la lampe à pétrole des grands parents ou des dynamos. Ils vous en seront reconnaissants...
Bon sans déconner, cet événement montre une fois de plus les effets néfastes du libéralisme et de la privatisation de secteurs vitaux comme l'énergie. Mais c'est avant tout une mise en garde aux Américains et au reste du monde : la surconsommation d'électricité, d'énergie n'est pas la bonne solution pour la survie du globe terrestre. Pourtant cela n'a pas l'air de dramatiser Bush (le président) qui essaye de remettre au goût du jour le développement d'un forage en Alaska (Libé du 21 mars) et la logique du toujours plus ("on fait ce qu' on veut et on vous emmerde !"). Fin mars il poursuivait sur sa lancée en refusant d'appliquer une quelconque réduction des émissions des gaz à effets de serre, telle que définie dans les accords de Kyoto. Mais là-dessus les autres pays notamment dits "industrialisés" ne valent pas mieux : aucun d'eux n'a encore signé la convention pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et en ce qui concerne la France on est loin d'une réduction de la consommation d'énergie et / ou du développement des énergies renouvelables. Y'a du boulot donc...

L'OS

 

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