Moyen-Orient : l'apocalypse
pour bientôt ?
C'est fait. Mardi 6 février 2001 Ariel Sharon a emporté
le strapontin de Premier ministre israélien devant Barak avec les
conséquences que cela va entraîner et entraîne déjà.
Le pire est donc arrivé. Il y'a bien eu un fort taux d'abstention
due en grande majorité aux arabes israéliens déçus
par Barak (le journal Libération du 7 février nous rapporte
même que Barak est allé "jusqu'à embrasser un journaliste
égyptien et à lancer quelques mots en arabe" pour essayer
de se mettre des électeurs dans la poche - que ne faut-il pas faire
!-) mais cela n'a pas suffit à stopper la machine de guerre. Les
quelques partisans de la paix (de moins en moins nombreux) -être
un vrai pacifiste n'est pas tâche facile- n'ont pu qu'assister au
retour de Sharon sur la scène politique. Tout ceux et celles qui
ont cautionné Sharon auraient bien besoin d'un petit rappel des
faits que je me fais un plaisir de rappeler (merci au journal Libération
d'où sont tirés les informations).
Ceux qui croient après ça que Sharon va
leur apporter la paix ou qu'il est un mec vachement sympa se foutent le
doigt dans l'oeil
Ainsi le 14 octobre 1953 "à la tête de l'unité 101,
spécialisée dans les représailles, il punit le village
de Kibiya en dynamitant 45 maisons avec leurs habitants à l'intérieur
(voir Libération du 5 février). Bilan: 69 tués, surtout
des femmes et des enfants" (Source : Libération du 7 février).
Pof pof pof ce n'est pas tout. En 1967 lors de la guerre des 6 jours "
il fera détruire des milliers de maisons dans les camps de réfugiés
de la bande de Gaza pour y construire des routes, exilera des centaines
de jeunes Palestiniens en Jordanie et au Liban. Quelque 600 proches de
«terroristes» présumés, dont des femmes et des
enfants, seront enfermés dans un camp de détention du Sinaï"
(Libération du 7 février 2001). Sans oublier les massacres
de Sabra et Chatila qui avaient fait un millier de morts. Ceux qui croient
après ça que Sharon va leur apporter la paix ou qu'il est
un mec vachement sympa se foutent le doigt dans l'oeil. Bon il reste quand
même à Sharon à former son gouvernement rapidement.
Il dispose de 45 jours pour le constituer et en désigner tous ses
membres. Passé cette date les israéliens retourneraient voter.
Sharon courtise donc les Travaillistes pour former un gouvernement d'union
nationale.
Les travaillistes pour la plupart ne sont pas hostiles à une
petite alliance avec le Likoud, comme Shimon Pérès qui trouve
Sharon "charmant et sage" et "avec qui il est «bon ami»" -ben
voyons- (Libération du 8 février) ou comme Barak qui
pourtant lors de sa campagne ne voulait absolument pas collaborer avec
Sharon et qui retourne maintenant sa veste (Libération des 10 et
11 février).
finalement tout cela finira très mal
Encore une fois on ne peut que sourire amèrement à ces
événements en constatant que les hommes politiques sont partout
les mêmes, que les gens sont très facilement influencés
(les hommes seraient ils si cons que cela ?), que Sharon est en train de
poursuivre (mais il n'y a pas que lui) une politique meurtrière
qui ne fera qu'accentuer le fossé entre Israéliens et Palestiniens
et que finalement tout cela finira très mal.
Il n'y a qu'à voir ce qui se passe en ce moment au Moyen Orient.
Saddam Hussein menace de représailles Israël suite à
la riposte israélienne au Liban contre le Hezbollah (et oui Saddam
est particulièrement aimé chez les Palestiniens qui ont même
manifesté en sa faveur. Libé nous rapporte qu'il fait verser
10 000 dollars aux famille de martyrs -ça aide !-) . En Israël
les tensions se sont accentuées et le durcissement du blocus et
la répression des "mercenaires" israéliens n'arrangent pas
les choses. Le bombardement par les USA et l'Angleterre en Irak de positions
militaires, bombardements qui ont tué et blessé des civils,
n'est pas fait pour calmer le jeu. Bush, en nouveau flic mondial et digne
successeur de son papa nous la joue sur l'air "j'ai la plus grosse" avec
comme justificatif "d'empêcher Saddam de se doter d'armes de
destruction massive». Ah Ah ! on rigole encore une fois bien fort
devant ces paroles...
Mais trêve de plaisanterie il y'a de quoi est inquiet. Car Bush
n'a pas ordonné cette décision à la légère
: il en prévoyait les conséquences. Il veut montrer par là
que les américains pèsent au Moyen Orient et particulièrement
dans les négociations israélo-palestiniennes et qu'ils ne
laisseront pas Israël se laisser piétiner pas ses voisins arabes.
Récemment les militaires américains ont déployé
des bases de lanceurs de missiles permettant d'établir un véritable
bouclier anti-missiles autour d'Israël. Tout est donc réuni
pour un "joli" affrontement qui encore une fois est mis en place par des
militaires et des politiques qui se foutent éperdument des conséquences
humaines qu'entraînent de telles décisions.
L'OS
Voir aussi les articles précédents :
La foi, les balles et
les pierres en Israël (novembre 2000)
Palestine / Israël
: du pain sur la planche (août 2000)
Ces jeunes si dangereux...
"Ah ces jeunes ! Encore à foutre le bordel, toujours les mêmes
!" Combien de fois ai je pu entendre de telles paroles dans la bouche des
gens ! Impossible à compter. Mais le fait est là : les jeunes
sont dangereux et les médias nous le font savoir à longueur
de journée. Enfin pas tout le temps mais ils se font un plaisir
- suite à un événement un peu chaud dans un collège
ou une banlieue- de fouiller dans leur dossier "Jeunes et délinquance"
pour retrouver d'autres événements de même nature.
Et alors c'est le bombardement de reportages, d'articles sur les "actes
de violence" des jeunes alors qu'il y'a quelques jours ils n'en parlait
même pas. Pourtant des actes de violence, il en existe tous les jours
et les journalistes en reçoivent sur leurs téléscripteurs
régulièrement. Pourquoi n'en parlent ils pas alors ? Pour
nous asphyxier, nous gaver de menaces graves qui vont permettre un renforcement
accru des effectifs policiers et de la répression. Les journalistes
seraient ils liés à l'Etat : mais non l'auuutre... Juste
un peu pisse-copies... En tout cas ils contribuent à faire
des jeunes et notamment des jeunes "pas très blancs, oui madame"
des voyous dangereux, des "sauvageons" (selon Chevènement) qui doivent
être sévèrement punis. La population applaudie des
deux mains ! La droite est contente puisque son principal "champ de bataille"
est l'insécurité (cela me fait bien rire) et la gauche s'efforce
de faire plaisir à la droite en renforçant les mesures coercitives.
A croire que la gauche va faire mieux que la droite sur la sécurité.
Bref de fausses solutions et un thème de campagne misérablement
opportuniste loin des valeurs sociales qui pourraient en partie changer
la donne.
Car la violence dans les banlieues populaires ne date pas d'hier mais
des années 60, 70. Que dire des "Apaches" à Paris en 1900,
des rues mal famées au Moyen-Age etc... Les "blousons noirs" ça
ne vous rappelle rien ! Ces phénomènes du XXe siècle
qui nous intéresse ici n'étaient pas alors vus sous l'angle
de l'insécurité et du problème de société
mais d'un point de vue social, de 'la pathologie sociale et/ou morale"
(cf. Le Monde Diplomatique, février 2001). Alors qu'aujourd'hui
seul compte la lutte policière contre la délinquance. Tant
pis pour la lutte contre la délinquance économique et financière
en forte progression. Les méchants ne sont pas forcément
là où l'on veut les voir...
Exit donc les facteurs qui encouragent la délinquance (monde
salarial, pauvreté, conditions de vie, politiques corrompus, flics
énervés, racisme etc etc...). Si les jeunes ne voient pas
une issue "légale" à leurs problèmes, il est
logique qu'ils prennent d'autres moyens pour parvenir à leur fin.
L'OS
A lire : Des quartiers en danger aux "quartiers dangereux"
/ Laurent Bonnelli. In Le Monde
diplomatique, n°563, février 2001.