Conflit social à Cellatex
: les employés en rébellion
Le mois de juillet est traditionnellement avec août un mois mort
pour les actions sociales comme les manifestations, grèves et autres
conflits sociaux. Les vacances c'est sacré : pas de vagues sauf
dans la mer... Les gouvernements en profitent entre autre pour faire adopter
quelques mesures "pas populaires du tout" en douce. Mais là n'est
pas mon propos. C'est d'un conflit social dont je veux parler, des employés
de l'usine Cellatex.
Cette usine textile, ancienne propriété de Rhône-Poulenc
(qui l'a revendu en 1991) fabriquant du viscose (la dernière en
France) et située à Givet, commune de 8000 habitants dans
les Ardennes, a été mise en liquidation judiciaire le 5 juillet.
Depuis les 153 salariés de l'usine ne sont pas contents. Mis
en liquidation ils ne peuvent percevoir d'indemnités de leur employeur.
Ils n'ont plus qu'à se tourner vers l'Etat. Ils occupent l'usine
et menacent de la faire sauter. Pour cela ils disposent de grosses quantités
d'acide sulfurique, de soude et de sulfure de carbone. De quoi faire un
beau feu d'artifice. Et ca marche : les autorités ont la trouille.
Enfin il faut quand même que les employés déversent
10 000 litres d'acide sulfurique dans un canal donnant dans la Meuse pour
obtenir satisfaction (le 20 juillet). Voilà pour le contexte.
Quelques réflexions à propos de ce conflit :
La fermeture de cette usine est normale : on est dans un système
capitaliste où seuls les plus forts gagnent. Concurrencée
par les pays asiatiques, l'usine n'avait pas beaucoup de chances de survivre.
Pourtant une fois de plus les salariés se sont fait avoir : on leur
a fait croire qu 'en faisant des sacrifices (suppression des primes, réduction
de salaires, travail le week-end...) on pourrait peut-être sauver
la boîte. Ah ah ! le patron (les ?) a rigolé bien fort
tout en se versant un scotch à la santé de ces bonnets...
Bon ce n'est pas la peine de pleurer sur l'usine qui a fermé, c'est
dans la logique capitaliste et dans cette logique il y'a du monde qui reste
sur le bas-côté du chemin.
D'autant plus que l'usine n'était pas un modèle d'usine
respectant l'environnement mais plutôt un champion toutes catégories
de la pollution. Elle était classée comme l'entreprise la
plus polluante de France pour les rejets de zinc, deuxième
pour les rejets d'hydrocarbures (devant les raffineries) et 27e pour les
composés organiques volatiles (COV) hautement cancérigènes.
Donc ça ne va pas faire de mal si elle ne pollue plus : reste la
dépollution du site qui va coûter très cher et qui
ne sera pas (il y'a de grandes chances) prise en charge par le propriétaire-pollueur.
En parlant de pollution je ne peux m'empêcher d'être énervé
par le déversement par les salariés de 10 000 litres d'acide
sulfurique dans un canal de la Meuse comme par l'abattage des tilleuls
qui se trouvaient dans la cour de l'usine. Même au coeur du désespoir,
un tel acte ne peut se justifier. C'est comme si des employés d'une
ferme, d'un élevage s'en étaient pris à des chiens,
des vaches... ; comme si un employé d'une centrale faisait exploser
un réacteur nucléaire. Surtout que d'autres moyens ne manquent
pas pour être écouté sans pour autant abîmer
l'environnement et aller plus loin que de simples revendications : la cause
du problème, le système capitaliste, est toujours présent
et continuera à sévir. Il faut passer de la révolte
à la révolution si on veut changer la société.
Ou alors on s'accommode du système.
En tout cas ce genre d'action "radicale" et désespérée
longtemps inutilisée revient au "goût du jour". Les employés
de plusieurs usines ont enfoncé la brèche et menacé
de faire sauter eux aussi leurs usines et / ou leurs outils de production.
Ce qui n'est pas pour rassurer le patronat ou l'Etat. Ernest-Antoine
Seillière, le dirigeant du MEDEF a ainsi déclaré qu'''il
n'est pas bon que l'ordre social français conduise chacun à
estimer qu'il est dans son droit à 100% et que, s'il n'obtient pas
satisfaction, il s'adresse directement au Premier ministre et qu'il menace
de mesures extrêmes''. Quand le système engendre sa propre
destruction...
L'OS
Palestine / Israël : du pain
sur la planche
Encore raté ! Les négociations entre Palestiniens et Israéliens
lors du sommet de Camp David aux USA se sont terminées par un match
nul. Ehud Barak, premier ministre Israélien et Yasser Arafat, leader-chef
suprême de la Palestine n'ont pas pu se décider sur un partage
du territoire. C'était prévisible. Il faut dire que les deux
camps sont dans de beaux draps.
Entourés et pressurisés par les extrémistes religieux
et / ou nationalistes les discussions bloquent sur chaque territoire :
pour le plateau du Golan (l'eau, le fait que ce soit un couloir tampon,
l'implantation de colons), pour la bande de Gaza (le contrôle exercé
par les Israéliens et l'isolement des Palestiniens), pour la Cisjordanie
(le bordel le plus complet : une majorité de Palestiniens y vivent
et la région est sous contrôle Palestinien mais c'est une
région symbolique pour les Juifs sans parler des colonies) et pour
Jerusalem (les Palestiniens et les Juifs revendiquent la ville comme leur
capitale). En fait c'est Jérusalem qui pose le plus de problèmes
puisque chacun la revendique pour des raisons religieuses (de lieux saints
pour être plus précis). Il serait question de la partager
entre Israéliens et Palestiniens. Bon courage.
Si un accord "correct" est finalement conclu ce sera tant mieux et si
tout le monde parvient à se supporter ce sera encore mieux. Mais
il y'a encore des progrès à faire des deux côtés
en matière de droits de l'homme et de démocratie : en ce
qui concerne Israël un rapport de la Fédération Internationale
des droits de l'homme (FIDH) rappelle que "la situation des droits de l'homme
reste toujours critique en Palestine, ce qu'illustrent le nombre
toujours important de prisonniers politiques palestiniens, la pratique
" légale" et systématique de la torture et des traitements
cruels, inhumains ou dégradants, les conditions de détention
dans les prisons israéliennes, et le comportement des forces de
sécurité et la poursuite de la colonisation". Sur ce sujet
on pourra utilement jeter un oeil sur le rapport "En désespoir
de Paix", rapport d'une mission d'enquête de la FIDH de décembre
1996 (consultable en texte intégral à http://www.fidh.org/rapports/r234.htm
). Côté Palestiniens tout n'est pas rose non plus : Yasser
Arafat ressemble plutôt à un dictateur qu'à un "honnête"
homme politique élu et révocable. La démocratie n'est
pas son fort et la corruption y est pire que la gangrène. Les bavures
et exactions ne manquent pas non plus. Il faut espérer que si un
Etat palestinien est créé Arafat ait la bonne idée
de laisser la place à d'autres... Verdict donc le 13 septembre.
Dans tous les cas, sans ressources économiques, sans infrastructures,
coupé en deux... (complétez !), l'Etat palestinien aura bien
du mal à s'en sortir. A suivre.
L'OS