Internet muselé ? Les requins sont là
 
 

Ca va mal sur Internet. La liberté d'expression est en jeu. De tout côtés fusent les requins, les corbeaux, les tentacules qui essaient de mettre le grappin sur quelque chose qui les dérange, qu'ils voudraient bien contrôler. Mais qu'en est-il ?

Vous avez bien sur les Etats dictatoriaux qui comme pour les autres médias  tentent de museler la liberté d'expression sur Internet : par exemple en empêchant l'accès à certains sites (Amnesty International, sites de dissidents...), en arrêtant dans leur pays ceux qui se montrent trop vindicatifs sur leurs sites envers le pouvoir... Les pressions sont multiples. Et ailleurs dans nos chers pays ? 
Rassurez-vous braves citoyens le peuple est protégé. 

C'est le cas des enfants qui,  par l'intermédiaire de logiciels spécialisés comme Cyberpatrol et qui contiennent une liste de sites interdits, ne peuvent accéder à des sites pornographiques, à des sites montrant des images d'horreur... Je ne vois pas bien l'utilité de ces machins : les enfants les plus jeunes ne vont sur Internet qu'en présence de leurs parents (je pense !) et les plus de 18 ans sont "majeurs et vaccinés" donc ils savent où ils vont. Reste donc les adolescents mais je ne pense pas que ces logiciels peuvent les arrêter : si ils veulent voir des images de cul ils en trouveront ça ne manque pas et pas que sur Internet. Y'a qu'à voir la téloche par exemple. C'est bien un truc d'hypocrites et de puritains : vous avez deviné c'est AMERICAIN. 

Vous avez aussi sûrement entendu parler du fameux "espion machine" de la CIA ( "Echelon") qui inspecte notamment au moyen d'une liste de mots-clés les e-mails, écoutes téléphoniques... qui s'échangent à travers le monde. Les militaires et flics américains peuvent ainsi repérer les possibles contestataires et dangereux "ennemis" comme la Croix-Rouge ou Greenpeace ! Autre volonté de la part de l'Etat de contrôler les sites, les chats et les forums :  une loi a été votée par le parlement lundi 27 mars qui oblige les auteurs de pages personnelles à donner leurs coordonnées exactes sous peine de sanctions, ceci afin de pouvoir appréhender les fauteurs de troubles potentiels. Tout ce que cela risque d'entraîner c'est la migration des sites persos sur des serveurs à l'étranger ! De plus il est aussi expliqué que les hébergeurs ne pourront plus être tenus pour responsables des sites qu'ils hébergent en  faisant les garde-chiourmes en donnant l'identité des personnes qu'ils hébergent. S' ils ne sont pas d'accord ils sont bon pour avoir des procès au cul ! 

"fric, bourse et publicité sont les maîtres-mots"

Mais tout cela n'est que broutilles face au développement des sites commerciaux sur Internet.
D'un outil, d'un moyen de communication et d'échange d'informations, Internet est en train de devenir un objet purement commercial où fric, bourse et publicité sont les maîtres mots. Car Internet représente un formidable marché pour tous les marchands de quat'sous qui espèrent bien transformer le plomb en or. Les sites commmerciaux fleurissent, les start-up poussent comme des champignons, le fric déborde des écrans et le commerce en ligne est l'avenir de l'homme. Amen. 
Je ne citerai pas de noms, ils ont déjà assez de pub comme cela. 

J'en profite pour terminer tout cela avec une info qui m'a fait bondir : le GESTE (Groupement des Editeurs de service en ligne) est en train de préparer un nouveau sale coup pour Internet. Ils préparent actuellement une charte où l'utilisateur d'un site s'engage "à ne pas recopier tout ou partie du site sur un autre site ou un réseau interne d'entreprise" et "à ne pas créer de lien hypertexte entre un autre site et le présent site sans accord préalable de l'éditeur". De même proposer sur son site le titre ou les premières lignes d'un article, avec renvoi sur le site de l'éditeur serait interdit sans l'accord de l'éditeur. C'EST QUOI CES CONNERIES !!!! Il y'a deux choses qui ne vont pas et qui sont absolument contraires à l'esprit même d'Internet, du droit de la propriété intellectuelle et de la liberté d'expression : la demande pour établir un lien vers un site et la courte citation. Ils devaient être bourrés quand ils ont mis sur pied ce truc sinon c'est à désespérer.
 

L'OS
 
 
 

Le Mozambique, la France et Madagascar
 
 

Vous vous souvenez ?

Début mars on apprend que le Mozambique est sous les eaux, que deux cyclones lui sont passés sur la gueule et que ça a fait très mal : plusieurs centaines de morts, 250 000 personnes déplacées, des menaces d'épidémies de malaria et de paludisme et des dégats considérables. On estime que 2 millions de personnes (sur un total de 17 millions d'habitants) on été touchées par la catastrophe. Les paysans ont notamment perdu environ 150 000 hectares de culture vivrières et un tiers de la production céréalière est détruite selon la FAO (Organisation pour l'alimentation et l'agriculture). Les semences au mois d'avril risquent de ne pas être faciles et il faudra compter sûrement sur une aide alimentaire. Le problème des mines antipersonnel vient s'ajouter au reste. Le Mozambique a en effet le triste privilège d'être un des pays les plus fortement miné au monde (entre 350 000 et 1 million de mines encore enfouies). Le "déluge" n'a pas "purifié les mines" mais s'est amusé à les déplacer un peu partout. Résultat on ne sait plus trop où les localiser et les anciennes zones déminées sont devenues méconnaissables avec les inondations. Et l'eau ne les a pas neutraliser. Il faut savoir que beaucoup de mines sont étanches (en plastique) et sont donc actives dans l'eau. Pour les autres modèles l'humidité peut altérer la mine et par la même occasion l'explosif et rendre les mines encore plus dangereuses. Le Mozambique va donc avoir du mal à s'en remettre, lui qui sortait depuis peu d'une guerre civile.
 

Et la France là-dedans me direz-vous ? 

Bonne question ! Rappelez-vous fin décembre en France : on a aussi eu droit à notre catastrophe "naturelle"  : des millions d'arbres par terre, des milliers de foyers privés d'électricité, d'habitations inondées et endommagées, quelques morts. Plus de peur que de mal donc. N'empêche cela a été un drame national, chaque jour on pouvait suivre dans les médias les foyers qui avaient été raccordés à EDF et qui pouvaient maintenant retrouver leur chère télé ; on nous a montré aussi les pauvres forêts dévastées, les gens désamparés... etc etc.
Tout cela n'est rien comparé au Mozambique et à Madagascar (j'y reviendrais) qui eux ont vraiment et continuent de souffrir. Il aura fallu un mois et une catastrophe pour que l'on découvre qu'il existe un pays qui s'appelle le Mozambique et que l'on se détourne un peu de son nombril pour voir ailleurs et découvrir (re-découvrir) qu'il y'a plus malheureux (pour quelques temps seulement malheureusement) ailleurs.

Et Madagascar dans tout ça, me faites-vous remarquer ?

Juste pour dire que Madagascar a lui aussi souffert du cyclone Eline (qui est passé sur le Mozambique) et des fortes pluies. Mais qui s'en est soucié. Personne. Les journalistes devaient être empétrés dans la boue du Mozambique ou en train de bouffer des petits fours je ne sais pas où mais quasiment aucune information (seulement quelques entrefilets) n'a été donnée . Une catastrophe c'est déjà dur alors s'il y'en a plusieurs ?

Au mois prochain.

L'OS