Ce soir j’ai perdu le sommeil 
Dans cette forêt de songes et d’inquiétudes 
Là où l’obscurité fait de l’ombre au soleil 
Là où les hommes ne viennent pas disperser ma quiétude 
Je ferme les yeux et dédaigne regarder autour de moi 
Dormons et oublions toutes les calomnies humaines 
Brisons nos chaînes et enterrons notre émoi 
Egarons-nous et fuyons cette dangereuse plaine 
Pleine de vanités dérisoires qui aspirent mes rêves 
Rêves hystériques de mes passions assassinées 
Quel est ce sentiment qui gêne ma trêve ? 
N’ai-je point assez d’orgueil pour me retirer ? 
Me retirer d’une scène souillée de larmes et de sang ; 
Toujours deux sans trois, mais jamais de sang-froid 
L’amour se vit et se ressent. 
Je pense et repanse mes plaies du temps révolu 
Du temps où mon âme se noyait dans ce fleuve de délire sans cru 
Je n’ose, et abonde en mille songes de mon surmoi 
Je feins de parvenir, à mes fins 
Mais sentant la fin, j’abandonne ma peur 
Peur de la vie, peur du lendemain 
Peur de n’être plus qu’une fiction dans un monde éteint 
Je ne crois qu’à la mort, aux tombeaux et aux cendres 
Le mépris de l’homme ne succombe à rien 
Alors il ne me reste plus qu’à me pendre … 
… à la résurrection.
 

AGAZE