Dans l’atmosphère saturée
d’éther de l’hôpital,
Un ange passe - en silence,
Sur un corps de marbre
glacial,
Un ange immaculé,
Dans sa belle blouse blanche,
y tranche
A coups de scalpel,
quelques morceaux, quelques
parcelles ;
Avec des gestes lents, guidé par la science,
Il tranche, il tranche … de plus belle.
Requiem
Pour une autopsie,
De l’abdomen jusqu’aux dents,
A rebours contre l’oubli,
Remonte le temps.
L’ambiance est au recueillement
mortuaire,
Quand se dresse l’autel des opérations ;
Au cœur d’une profusion confuse
de masques sanguinolents,
Un ange passe, doucement, et découpe
et lacère
La chair encore flasque.
Après la mort : les chrysanthèmes,
Et de l’un à l’autre - un requiem
Pour une autopsie,
De chair et de sang
froid,
Jusqu’aux portes de l’au-delà.
La caresse des instruments inaugure
cet étrange rituel
clinique,
Où de maudites fanges suppurent - un reste
d’ivresse organique
;
Est-ce une messe noire, offerte
sous de divins auspices
- ou bien -
Un cérémonial barbare ?
Au loin,
Une sirène nocturne,
Cauchemar d’ambulance,
s’enfonce noctambule
dans la nuit,
Dans le silence.
Requiem
Pour une autopsie,
Dans une ultime prière,
Où saigne le corps
Et s’abstiennent les chœurs.
ALEX