J’étais immense et rouge,
sur mon cheval rouge…
j’aimais m’arrêter sur le bord d’une branche…
léger comme l’air, de l’amour plein les bronches.
Mon cheval assis sur une feuille, moi couché sur une goutte
d’eau,
je buvais le silence pour faire le portrait d’un oiseau.
Mais un jour, un jour… le miroir brisé,
je bûchais dans un calendrier.
Autour de moi, le paysage changeur
prenait le visage de l’extase minée par le désespoir
rieur.
Et j’en ai vu plusieurs, oui, plusieurs…
Le temps des noyaux remplaça celui des enfants
Et le désespoir est assis sur un banc.
Alors, alors pour forcer le « était » à
chasser le pesant « est »,
j’allais voir la brouette ou les grandes inventions de plus près.
Alors, alors commença le combat avec l’ange malin,
et pour toi mon amour, je reveillais l’effort humain,
avec des hommes dignes des contes pour enfants pas sages,
je construisis une barricade pour mettre le mal en cage.
Sous cette pluie d’amour, de fer, de fleurs,
la paix revenue sur le quartier libre, loin des pleurs.
Soudain, le « JE » redeviens Peuple, et,
je retournai sur mon arbre liberté,
pour dire de nouveau salut à l’oiseau
et je pus attendre comme chaque aurore, la promenade de PICASSO.
D’après et de loin de Jacques PREVERT.
QUEMOUL