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les bouquins : janvier 2001



 

Les quatre fleuves / Fred Vargas et Baudoin
Viviane Hamy, 2000 (Collection chemins nocturnes), 224 p., 149 F

Une bande dessinée de Baudoin et un scénario de Fred Vargas, le résultat ne peut qu'être à la hauteur de nos attentes. Si vous avez déjà lu un bouquin de Vargas vous retrouverez avec plaisir le commissaire atypique Adamsberg et une intrigue du tonnerre. Le dessin de Baudoin compose merveilleusement avec le texte, le dessin laissant la place au texte pour ensuite laisser la place aux planches. Un mélange qui se marie sans problème. 
L'histoire commence assez banalement : deux jeunes  (Grégoire Braban et son pote Vincent) pratiquent le vol à la tire ou à l'arraché si vous préférez. Un soir ils s'en prennent à un vieux et ils leur pique sa sacoche. Pour une fois ils ont touché le gros lot : 30 000 balles. Manque de bol  la sacoche contient d'autres "trucs" pas jojos du tout ce qui fait dire à Vincent : "le sac du vieux, c'est la boîte de Pandore". Je ne vous dirais pas ce qu'ils ont trouvé dedans mais sachez que Vincent ne fait pas long feu : il est assassiné le soir même avec la cuisse entaillée par 4 coups de lame. Grégoire, quant à lui, qui habite avec son présumé père et ses trois frères dans une maison en banlieue, est à son tour menacé. Mais le commissaire Adamsberg veille. Ce qui l'inquiète ce sont les entailles sur Vincent. Cela lui rappelle d'autres morts qui portaient ces entailles, qui représentent en fait un bélier et qui ont fait surnommé le tueur Le Bélier. Aurait-il commis un nouveau crime ?
Voilà c'est parti et vous ne pourrez pas vous arrêter avant la fin. 

L'OS
 

L'épopée du buveur d'eau / John Irving
Ed. du Seuil (collection Points), 1995 , 440 p., 52 F
 

C’est l’histoire de Bogus (bidon), encore surnommé Boggle (patauger) ou encore Trumper (trompeur).
C’est l’histoire de ce jeune homme, sa vie actuelle, sa vie passée …

Sa vie avec Biggie, son ex-femme et de leur fils Colm. Une rétrospective de leur échec.
Sa vie avec Tulpen, sa compagne actuelle … leur ondulation entre le bonheur et le je ne sais pas trop quoi, leurs poissons, leurs tortues …
Sa vie avec ses potes : Merrill : le diabétique ; Ralph Packer : producteur Avant-gardiste, qui fera un film sur Bogus, dont le titre sera « Le Baiseur » ; Couth : l’ami fidèle et solitaire …
Sa vie avec Akthelt et Gunnel : les héros de sa thèse de nordique primitif. Des héros qui vont se dévoiler dans le récit, lui donnant du piment, du ressort et qui vont servir de liens métaphoriques tout au long du roman.
Sa vie avec son pénis : « uriner devient souvent un exploit, avec des sensations toujours nouvelles et surprenantes » ; « l’orgasme constitue un véritable suspense ». Au début, face à cela Bogus choisit la méthode de la solution aqueuse … c’est à dire boire de l’eau en excès, d’où le titre.
 

Trumper est un personnage attachant, un disjoncté pas réellement voulu, un perdant avec de bonnes intentions … il veut s’en sortir ou peut-être pas vraiment … il farfouille par-ci, par-là … il farfouille, il survole, c’est pas du tout une épave … c’est simplement Trumper.

Mais lorsqu’il est perturbé dans ses sentiments … il prend la fuite.
Bogus est « un paranoïaque absolu victime du regard qu’il porte sur lui-même » et face à cela, seul, il fuit.

« l’Epopée du buveur d’eau » est drôle, c’est un roman qui part dans tous les sens, une quête dans l’absurde avec les détails qui apostrophent. Pleurer, rire, aimer, fuir, douter, revenir … tel est le délire rythmique.
A la lecture d’Irving, il y a toujours des termes qui marquent plus que d’autres. Par exemple, ici, le dernier mot du livre : " circonspect " … est d'une telle puissance qu'il peut à lui seul résumer tout le bouquin. C'est un mot qui interpelle au plus profond des sentiments créés par la lecture.
Que dire alors de " Vivre avec quelqu’un, c’était un travail solitaire ".

Voilà, une œuvre d’Irving … les personnages sont attachants, les mots accrochent, le délire est omniprésent, la vie éclose, se fane …Un livre que l’on voudrait sans fin … mais de toute façon il n’y en a pas … 
 

La quête du bonheur est-elle possible ?
Le paranoïaque est-il le seul à ressentir le malaise de la vie.

MEDITONS …
 

QUEMOUL
 
 

Curieux sentiments : nouvelles / Pascale Fonteneau
Ed. Lignes noires, 1999, 141 p., 65 F

couvertureCe livre rassemble plusieurs nouvelles de Pascale Fonteneau, auteure d'Etats de lames ou encore de Confidences sur l'escalier. Des nouvelles noires bien sûr, qui nous mettent tout de suite dans l'ambiance : on sait (on sent ?) qu'il va se passer quelque chose de pas bien gai mais on n'arrive pas à le deviner. Ce qui fait que l'on est plongé dans le texte et que l'on ne respire qu'une fois la fin d'une nouvelle. Heureusement que ce n'est pas un roman ! La première nouvelle (Maelbeek) nous présente un enlèvement pas commes les autres d'une femme lors d'un week-end à Bruxelles avec son mari et ses enfants. Elle se retrouve à devoir réciter un texte en flamand pour pouvoir être libérée. Enfin c'est ce qu'elle raconte mais est-ce la vérité ? D'autres nouvelles suivent comme celle où une femme se retrouve coincée dans une cave d'une usine abandonnée, prise au piège qu'elle avait mis en place et qui finalement se refermera cruellement sur elle ; comme cet homme qui a une bien curieuse manière de "pénétrer" une fille (je ne vous en dit pas plus...) ; comme cet homme à la retraite qui décide de devenir poète et pilier de la littérature contemporaine et qui pour cela se met à porter des lunettes, à avoir des poissons rouges et surtout un bureau en bois de chêne ; comme ce type qui cherche à devenir un héros quitte à provoquer l'occassion ; comme... etc. Des nouvelles qui ne manqueront pas de vous laisser de "curieux sentiments" (un peu facile cette fin je le reconnais mais bon). 

L'OS
 

Les girofliers de Zanzibar / Adam Shafi Adam
Le serpent à plumes, 2000 (collection motifs), 234 p., 43 F

couverturePublié initialement en 1978 ce roman "met en scène" la révolution qui s'est déroulée sur l'île de  Zanzibar (rattachée à la Tanzanie) en janvier 1964  et qui a abouti à la fin du sultanat féodal de Zanzibar. A cette époque l'esclavage était encore une pratique courante dans l'île. Kijakazi, jeune orpheline née de parents esclaves, est au service du seigneur Malik et de sa femme, propriétaires d'une plantation de girofliers (les clous de girofles vous connaissez !). Comme les autres esclaves, Kijakazi travaille dur du matin au soir sous les brimades du seigneur Malik et de sa femme. Le seigneur Malik et sa femme finissent par mourir et leur fils unique, Fouad, prend la succession du domaine. Pour Kijakazi et les autres  l'enfer continue et de plus bel, le seigneur Fouad imposant ses quatre volontés. Pour Kijakazi cet état de fait est normal et son devoir est de servir jusqu'à la mort son seigneur. Mais tout le monde ne l'entend pas de cette manière et certains esclaves de la plantation en viennent à se rebeller tout comme d'autres personnes dans l'île. En janvier 1964 le sultan et ses accolytes qui dirigeaient l'île sont renversés et une république populaire est mise en place qui ordonne la collectivisation des terres (ce qui s'est passé dans la réalité). 
Plutôt que de nous avoir relaté (comme un historien le ferait ) les événements qui ont abouti à la révolution et les changements apportés, Adam Shafi Adam nous présente une histoire très personnelle, aux allures de conte de fée avec en toile de fond la révolution. Une révolution qui va permettre aux esclaves de s'affranchir de leurs maîtres. Mais comme tout changement, il demande une "modification" de sa façon de penser, de ses habitudes de vie. On le voit bien avec Kijakazi, habituée à servir et à obéir et qui peine à croire que l'on peut être autre chose qu'un esclave. Il lui faudra longtemps avant de pouvoir se libérer de son joug, de cet état de fait (être esclave) et ainsi se réapproprier son corps et sa vie ! L'histoire se termine évidemment bien. Un bien joli récit je vous dit.

L'OS
 

Halloween / Boiscommun
Ed. Le cycliste, 2000, 48 p., 69 F
 

C’est une fable … pas de Noël mais d’Halloween.

Asphodele, une jeune fille déguisée en squelette, participe à la fête … elle ne s’amuse pas … son frère est mort.
Ce dernier va réapparaître en être de peintures …
Alors la fable sur la mort devient la fable de la vie.

Dans cette BD, l’histoire est vraiment prenante.
Le mort a pour mission de redonner le rire à la jeune fille … il va lui offrir le chemin du rêve … pour accepter la mort comme la vie.

« Le rêve remplace les mots en bien des occasions, pour qui n’est pas trop sot, il est un compagnon ».

Les dessins sont magnifiques … chaque planche est pour moi un tableau.
Les planches qui prennent toute la page sont d’une poésie.
Le tout baignant dans une ambiance floue …

L’univers de Boiscommun est surprenant, son rapport avec la lune est émouvant … c’est un univers pastel …
Un univers qui me transporte dans le monde de l’enfance avec une philosophie accomplie.

QUEMOUL
 
 

Un peu plus loin sur la droite / Fred Vargas
Ed. J'ai Lu, 2000, 253 p., 35 F

Quand vous aurez fini Les Quatre fleuves (voir critique plus haut) vous pourrez sans hésitation vous attaquer à ce bouquin de Vargas qui vient de sortir en format de poche. Un vrai régal. Tout commence avec la découverte d'un bout d'os humain dans un merde de chien par Louis Kehlweiler, un ancien du ministère de l'Intérieur qui bosse mainteant à son compte. Bénéficiant d'"agents de renseignements" et d'appuis dus à son ancienne position sociale, Kehlweiler continue son ancien boulot. Pour lui ce bout d'os est le "résultat" d'un assassinat et il entend bien dénicher le reste du corps et l'assassin. Avant de se lancer dans l'aventure, il va montrer sa découverte au commissariat du 5e arrondissement (un pur moment de jubilation à lire). Le commissaire ne croie pas à son histoire et Kehlweiler a maintenant carte blanche pour son enquête. Accompagné par Buffo, son crapaud famillier, il sera notamment aidé par Marc Vandoosler (voir le livre Debout les morts), historien spécialiste du Moyen-Age et bon grimpeur. Leur "quête" les entraînera à Port-Nicolas, un trou perdu en Bretagne, à la recherche du fameux chien mangeur d'os et de l'assassin. 
Comme pour Debout les morts, on en arrive à soupconner toutes les personnes possibles et imaginables et ce n'est qu'à la dernière ligne (j'exagère un peu) que l'on découvre le coupable et que l' on tombe des nues. Vargas a ce "don" de brouiller les pistes, de nous obliger à remettre en question nos certitudes et notre raisonnement. De plus l' aspect minitieux et archéologique de l'enquête menée (on part d'un morceau d'os, d'un déchet !), forcément humoristique et décalée, les personnages et leurs caractères, les situations à quiproquo et / ou farfelues ; tout cela fait de ce roman un "grand roman", un très bon polar donc. 

L'OS
 

Dans le cochon tout est bon (une aventure de Philibert) / Mazan
Delcourt, 2000, 56 p., 78F

C’est l’histoire de Philibert, médecin légiste qui rencontre une ancienne étudiante des beaux-arts. Ils vont vivre une histoire d ‘amour.
Mais tout ne s’arrête pas là … bienvenue dans un monde hallucinant.
Ici, le magasin de pompes funèbres est « fermé pour cause décès » ; les vaches folles ont des têtes d’homme ; sur la plage un marchand ambulant vend de la viande hachée comme si c’était des glaces ou friandises …
Ici, la nourriture est suspecte, la vie sociale est bizarre, l’urbanisme, la pollution sont déplorables, la mer -où nos héros se rencontrent en vacances- est une poubelle : « La plage de charançon les pins est une charmante cocotte-minute où l’on peut bronzer à l’aise. Le temps est couvert mais chaud, les pluies acides sont revigorantes et la mer est verte et tiède, comme un bon bouillon. »
Ici, les gens sont tous plus ou moins disjonctés. Et ils sont tous plus ou moins obèses.

Nos deux héros sont, eux aussi, physiquement marqués.
Lui, il est grand, sec, avec une énorme houppette rousse …il a vraiment une tronche sympathique.
Elle, Léa, elle est grande, rousse … toute maigre …

Léa subie tout cet univers social, écologique (…) … elle suit une thérapie … elle est Anorexique … elle veut maigrir … maigrir … elle a une baignoire dans le salon … la phobie des insectes … elle porte des gants jetables pour faire les courses … elle bloque sur la fermeture des portes, des robinets … sa vie est emprisonnée dans ses troubles obsessionnels comportementaux …

Les dessins sont très vivants, les personnages en sont ainsi plus captivants …Les couleurs sont vraiment parlantes par leurs qualités.

Dans le cochon tout est bon est une bd cynique sur notre société présente et futur … le tout baignant dans une ambiance légère.

QUEMOUL

 

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