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les bouquins : décembre 2000



 
 

La chasse au tatou dans la pampa argentine / Jean-Bernard Pouy
Ed. Baleine, 1999 (Canaille / Révolver), 131 p., 42 F

Couverture du livreVous trouverez dans ce livre (pas donné cependant)  plusieurs nouvelles de Jean-Bernard Pouy qui ne sont pas sans rappeler certaines nouvelles de Didier Daeninckx dans Passages d'enfer. Noires, ironiques et pour certaines se finissant bien, ces nouvelles feront sourir et grincer des dents comme la nouvelle intitulée Péage où une employée qui travaille dans une cabine à un péage pête les plombs un soir ; comme celle ou deux vieux montagnards doivent affronter une meute de chasseurs qui veulent leur prendre un trésor imaginaire ; comme celle où un guitariste d'un groupe de rock fout le bordel dans une salle entière, déçu comme les autres membres par l'abandon par le chanteur du groupe ; ou comme Histoire de truffes où un chien nous raconte sa vie, de chercheur de truffes, de montagnards blessés puis de chien policier jusqu'au moment où il en a marre et se venge...
Parfaitement construites ces nouvelles se lisent avec grand plaisir et on ne peut qu'en redemander.

L'OS
 

Lanzarote : au milieu du monde / Michel Houellebecq
Flammarion, 2000, 90 p. + 1 livre avec photos, 149 FF

Publié sous coffret et comprenant deux livres (un de texte et un de photographies), le dernier ouvrage de Houellebecq est un bien bel ouvrage. Mais pas forcément idéal pour les cadeaux de fin d'années vu le récit fait par Houellebecq (narrateur-auteur) de son séjour de vacances d'une semaine à Lanzarote, île volcanique des Canaries et peu propice à des vacances normales. Car à Lanzarote, à part un jardin de cactus et un parc national plutôt fantomatique, les activités touristiques sont proches de zéro. Reste les plages et les rencontres avec les autres vacanciers qui sont dans leur grande majorité anglais et allemands. Le narrateur fait ainsi la rencontre de deux lesbiennes allemandes qui sont aussi hétérosexuelles, d'un policier Belge désespéré et de membres d'une secte dénommée les Azraéliens. Finalement pas de quoi s'ennuyer à Lanzarote.
Un récit donc bien sympathique (sans ironie) où l'on retrouve le "style" Houellebecq" et ses considérations "assassines" avec en prime de superbes photos. Votre prochaine destination touristique ?

L'OS
 

En attendant le vote des bêtes sauvages : roman / Ahmadou Kourouma
Ed. du Seuil, 2000 (Collection Points), 380 p., 45 F
 

CouvertureJuré craché : j'avais commencé à lire ce livre avant de savoir que son auteur obtienne le prix Renaudot. Je voulais le lire parce que j'avais vu une pièce de théâtre adaptée de ce roman détonant. Construit sous forme de 6 veillées constituant 6 chapitres,  ce roman est une cérémonie purificatoire, un donsomana en malinké, du dictateur-président de la République du Golfe, Koyaga. Le donsomana est raconté par un sora ("je louange, chante et joue de la cora") et il est accompagné par un saltimbanque du nom de Tiécoura, un répondeur. Des proverbes ponctuent le récit et servent d'intermède entre les parties (ils invitent à réfléchir sur ce que l'on vient de lire). Le dictateur Koyaga est bien sûr présent ainsi que son ministre de l'orientation, Maclédio. On suit donc l'histoire de Koyaga, de ses parents à sa naissance, de son adolescence à sa prise de pouvoir, de son règne jusqu'à sa "déchéance". Mais on suit aussi l'histoire de sa mère, Nadjouma, et d'un marabout à la solde du dictateur, qui le protège dans son parcours grâce à une météroïte, un Coran et divers tours de magie. Il évite ainsi les attentats de ses ennemis et peut exercer un pouvoir total sur la République du Golfe. Une assez longue partie est consacrée à Maclédio, le fidèle compagnon de Koyaga. Son parcours n'est pas sans rappeler celui de Candide de Voltaire où Maclédio est à la recherche de son homme de destin (homme ou femme). D'aventures en aventures il finira par rejoindre le dictateur. Ce roman présente à la fois un côté fantastique, historique et bien évidement politique . Fantastique comme lorsque Koyaga, alors jeune chasseur, affronte au moyen de la magie plusieurs bêtes terribles qui semaient la pagaille dans la forêt, magie et mythes qui permettent à Koyaga d'accéder et d'asseoir son pouvoir (avec la météroïte et le marabout). Historique à travers la colonisation de l'Afrique et sa décolonisation, avec la guerre froide, sa fin et la politique du FMI et ses ajustements structurels. Politique avec la lutte contre le colonisateur, le fameux coup d'Etat et l'inévitable dictature qui s'en suit, le renversement du dictateur (qui ici arrive à rester au pouvoir et où ses adversaires ne valent guère mieux). Le fameux  voyage d'"études" de Koyaga chez les autres dictateurs africains est une véritable délectation, à l' ironie mordante et où l'on peut reconnaître les protagonistes (Mobutu, Bokassa...). Un récit merveilleusement bien ficelé, envoutant, très riche du point de vue historique, politique, sociologique... qui devrait faire l'unanimité. 

L'OS 
 

Le lapin exterminateur : nouvelle édition revue et aggravée : roman / Henri-Frédéric Blanc
Le serpent à plumes (collection motifs), 1999, 270 p., 39 F
 

couvertureLe lapin exterminateur est un roman qui tombe à pic pour les fêtes de Noël. Il nous propose de suivre les aventures d'un ancien capitaine de la marine marchande, le capitaine Radock (sic), qui se retrouve à la rue un 24 décembre à Paris. Tout au long de cette journée il va rencontrer moult personnages et avoir moult péripéties plus ou moins burlesques et extravagantes. 
Impossible de tout vous résumer mais sachez qu'il va rencontrer son cousin (le roi de l'andouille), un prêtre, un SDF ancien roi du désert, un écrivain minimaliste (Cassenoix), son neveu, un psychanalyste qui lit l'avenir sur le système fessier etc... On découvre tout au long du récit des fragments de la vie antérieure du capitaine, viré de la marine marchande pour avoir coulé un supertanker, grand amateur de whisky et portant barbe et casquette. 
Cette virée commence de façon plutôt banale (rencontres qui se passent plus ou moins bien et qui sont l'occasion d'asséner quelques coups de gueule) puis l'action se détraque : il est recherché par la police, accusé d'avoir semé la pagaille lors d'un "Congrès du futur" réunissant de nombreux hommes politiques. La virée n'en devient alors que plus mouvementée et la fin est bien évidemment catastrophique pour notre capitaine. Mais ne lui a t'on pas annoncé que ce soir c'est la fin du monde, le "Grand Cacaraboum" ! Alors peu lui importe de mal finir mais il s'agit de finir en beauté. Pas de complexes pour  Radock. Pourtant il avait un beau projet pour renflouer la France : la foutronomie où la fesse est une matière inépuisable qui permettrait à la France une relance économique puisque selon le capitaine : "Je ne sais pas si l'homme descend du singe mais je suis sûr qu'il monte vers le cochon" (p. 135). Bon ça n'a pas marché mais c'était un beau projet quand même. Mais Radock n'a pas dit son dernier mot !

Un roman qui se dévore, où l'on se marre, qui fait plaisir, qui fait du bien, à lire le 24 décembre pour ceux et celles qui s'ennuient lors du repas traditionnel ou qui ont envie de passer une bonne soirée. Vous n'allez pas le regretter, c'est moi qui vous le dit.
Je laisse le mot de la fin au capitaine Radock :
""Bonne journée et joyeux Noël". C'est ça, bonne journée, bonne semaine, bon mois, bonne année, bonne vie, bon néant..."

L'OS

 

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