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archives > bouquins

 

les bouquins : novembre 2000



 
 

Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer : roman / Dany Laferrière
Le serpent à plumes, 1999, 169 p., 39 F
 
Page de couvertureVoici un roman qui se lit sans en avoir l'air. On rentre dans ce livre et on se laisse bercer par l'histoire, par cette histoire immobile (lancinante plutôt) qui nous montre deux noirs habitant le même appartement dans un quartier de Montréal, un quartier pauvre. L'un (le narrateur) n'arrête pas de draguer et de sortir avec des filles blanches bien comme il faut (des filles wasp : white anglo-saxon protestant) tout en cherchant à écrire un roman sur une vieille Remington. L'autre personnage s'appelle Bouba et passe le plus clair de son temps à dormir, à lire le Coran tout en écoutant du jazz sur un vieux canapé. Les différentes aventures amoureuses et Bouba sont l'occasion de réflexions sur les rapports entre blancs-blanches-noirs, le livre se veut une claque contre les clichés racistes et stéréotypés. 

L'OS
 

Poésies / Michel Houellebecq
Ed. J'ai Lu, 2000, 316 p., 41 F

CouvertureSorti en même temps en poche que Les Particules élémentaires, ce bouquin regoupe plusieurs recueils de poèmes sortis il y'a déjà quelques années. Il faut remarquer que ce n'est pas souvent qu'un bouquin de poésie sort en poche : il faut un auteur tel que Houellebecq pour l'oser. Malheureusement les poèmes de l'auteur sont très inégaux et dans l'ensemble on en ressort déçu. Bien sûr ces poèmes sont dans leur majorité pessimistes et désabusés. La solitude, la vanité des êtres et des choses, l'amour qui n'apporte (presque) que déceptions, le libéralisme, le monde dans lequel on vit ; tout cela se retrouve à travers ces poèmes d'où émerge quelques perles. Extraits : "La nouvelle année nous engage - A détruire quelques relations - Et à démolir quelques cages. - A désassembler des fictions". Ou encore : "Cheveux dénoués - Elle me regarde avec confiance - Corsage échancré. - Le lit est défait - Des oiseaux marchent entre les cèdres ; - Nous sommes dimanche (...) - Son regard durcit, - Sa main attrape la valise - tout est de ma faute."
Un bouquin à emprunter en bibliothèque.

L'OS
 

Les particules élémentaires / Michel Houellebecq
Ed. J'ai Lu, 2000, 316 p., 41 F
 

couvertureHoula la ! Ami lecteur ou amie lectrice si tu es désepéré(e) ce livre n'est pas pour toi car désespéré et noir il est. Reprenant les thèmes d'un de ses anciens bouquins (Extension du domaine de la lutte) sur le libéralisme et la sexualité, sur l'individualisme et l'égoïsme de notre société, l'auteur s'attache ici plus particulièrement au monde de la manipulation génétique, manipulation qui permettrait d'échapper aux bassesses humaines et de devenir un Dieu parmi d'autres Dieux. Ce roman raconte la "vie" de deux demi-frères Michel et Bruno. Michel, chercheur en biologie , se morfond dans une vie désespérément plate et sans intérêt, à la recherche d'une nouvelle espèce d'êtres humains qui seraient des Dieux immortels, loin de l'égoïsme et de la vanité des hommes. Bruno lui est enseignant et est continuellement en quête de rencontres sexuelles très souvent désastreuses ("Il enfila un caleçon de bain, glissa des préservatifs dans sa sacoche d'un geste qui lui arracha un rire bref. Pendant des années il avait porté des préservatifs sur lui en permanence, ça ne lui avait jamais servi à rien ; de toute façon, les putes en avaient" (p. 132)). On suit ces deux hommes dans leur tragédie, dans la poursuite pathologique de Bruno des aventures sexuelles notamment au camping un peu spécial du Lieu du changement. Il y rencontre une femme, Christiane, qui va lui permettre d'accéder à ses désirs. Mais tout cela sera de courte durée. Quant à Michel, abandonnant son poste de chercheur, il ne fait rien de particulier de ses journées, se contentant de temps en temps d'une virée au  Monoprix du coin, fidèle client de ce magasin. Il finira par revoir une ancienne amie, un ancien amour raté. Mais tout est trop tard. Finalement il reprendra ses recherches sur les mutations génétiques. Mais ce roman n'est pas que l'histoire de ces deux hommes. Le tout est entrecoupé de passages sur la société qui est en passe de subir une troisième mutation métaphysique ;  de descriptions scientifiques qui donnent au récit un aspect très biologique, presque de dissection de l'homme. Ces descriptions sont renforcées par l'aspect sociologique des réflexions des personnages et de l'auteur-narrateur sur les relations sexuelles et sociales des gens, sur la société libérale actuelle. Même si l'on a du mal à "adhérer" à la vision de cette troisième mutation ce livre décortique fort habilement le monde social dans lequel nous (les pays dits développés) vivons à travers le destin de ces personnages où chacun pourra reconnaître une part de soi-même.

L'OS
 

Dégraissez-moi ça ! petite balade dans le cauchemar américain / Michael Moore
Ed. La Découverte, 2000, 211 p.,  98 F

"Roger et moi" ça vous dit quelque chose. Rappelez-vous, le film documentaire d'un américain à la recherche du "boss" de l'entreprise General motors qui avait massivement licencié à Flint, ville des USA. Si vous avez vu ce film ou "The big one", film plus récent de Michael Moore, vous allez adorer ce livre qui décape les sampiternelles aneries sur la croissance américaine et autres mensonges ressassés par les médias. Ici on se marre et on apprend plein de choses sur les USA mais aussi en général sur le capitalisme aujourd'hui. L'auteur s'attaque aux entreprises et à tout ceux et celles qui pratiquent le dégraissage économique au nom du fric et au détriment des hommes. Les politiques ne sont pas de reste dans ces pratiques en aidant avec forces aides les entreprises. Les républicains et les démocrates en prennent plein la tronche sauf Hilary Clinton (!!). Ce livre est donc consacré au monde du travail aux USA, à la situation économique et politique et il propose avec humour les moyens de résister pour s'en sortir. On a droit ainsi à un petit manuel du licencié façon Michael Moore, aux différentes façons d'immigrer facilement aux USA, sur la façon de bien organiser une émeute, de lutter contre la délinquance en col blanc....etc etc. Quelques titres de parties qui en disent long et pour vous mettre l'eau à la bouche : Libérez-nous Nelson Mandela !, Et si General motors vendait du crack ?, Dix façons de dégraissez les patrons...  C'est rigolo mais en même temps sérieux et pas con comme le prospectus sur la Mike's penal systems Inc (un nom inventé bien sûr) qui vante le coût peu élevé des prisonniers  par rapport aux salariés ou encore pour réduire les dépenses publiques la proposition de Moore de délocaliser le gouvernement américain au Mexique. Et croyez moi ce ne sont pas des idées en l'air. Michael Moore aime les travaux pratiques et n'hésite pas à mettre en branle ses projets comme lorsqu'il fait appel aux Etats qui aident le plus les pays en voie de développement afin d'obtenir une aide pour les pauvres des Etats-Unis.
Bref on se marre et on s'instruit en se disant qu'il faut faire le maximum pour éviter ce qui est décrit dans le livre. 
 

L'OS
 

Tarzan malade / Hervé Prudon
Gallimard, 1997 (Série noire), 163 p., 38 F

Drôle de titre pour ce roman qui fut publié initialement en 1979 ! Il me rappelle en tout cas l'ambiance et le ton d'un roman de Manchette. Superbement ficelé, Prudon nous entraîne sur une histoire de tueurs à gages : Morvan, appelé La Morve (il est décrit comme ayant notamment les dents vertes...), doit supprimer la fille (Lucinda,  née lors d'un premier mariage) d'une femme mariée à un industriel fortuné du nom de Jacques Passoveur. Mais le tueur (mandaté par Passoveur) se trompe de cible, la victime rencontre un professeur de français (Ramier) marié et rangé qui se retrouve malgré lui impliqué dans cette histoire qui finira mal. Car un "vrai" tueur apparaît bientôt (il s'appelle Panzer !) qui lui ne rigole pas quand il s'agit d'éliminer quelqu'un. Et quand Passoveur finalement se rétracte et ne veut plus la mort de Lucinda, il est trop tard pour revenir en arrière. Rien à dire un roman noir bien foutu comme on les aime. A lire donc selon la fomule consacrée de mon cher pote Quémoul.

L'OS

 

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