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les bouquins : octobre 2000



 

Les bébés de la consigne automatique / Murakami Ryû
Ed. J'ai Lu, 1999, 509 p.,  47 F
 

Couverture du livreEtre abandonné bébé dans un casier de consigne automatique et en sortir vivant. La chose n'est pas facile et même si le bébé s'en sort  le traumatisme n'est pas prêt de s'éteindre. C'est ce que nous montre ce livre avec l'histoire de deux bébés (des garçons) abondonnés dans une consigne de gare à leur naissance. Muent par une volonté de survivre et par un hasard de circonstances les deux bébés (Hashi et Kiku) s'en sortent. Ils sont recueillis par des bonnes soeurs et élevés ensembles. Pour des problèmes de comportement (forme d'autisme) ils suivent un traitement chez un psychiatre qui consiste notamment à leur faire entendre le battement d'un coeur maternel sans qu'ils le sachent. Le traitement est efficace mais ils n'auront de cesse de rechercher l'origine du son qu'ils entendaient pendant les séances de traitement, dans un désir inconscient de retrouver leurs mères (fait surprenant l'auteur ne parle jamais des père des enfants !) . Ils sont peu après adoptés tous les deux par un couple vivant sur une petite île. En grandissant ils suivent chacun une route différente. L'un, Hashi, se prostitue avant de devenir un chanteur de rock connu, l'autre, Kiku, se passionne pour le saut à la perche où il excelle avant de se retrouver en taule pour avoir tué sa mère. Je ne vous en dit pas plus mais sachez que l'action monte petit à petit crescendo pour finir par un chaos total et par la revanche des bébés de la consigne automatique. Les deux orphelins à la recherche du fameux son qui les libérerait de leur traumatisme se révoltent contre leur état de victimes et contre la société, notre société actuelle. 

L'OS
 

Démons et vermeils / Jean-Bernard Pouy
Ed. Baleine, 2000, 90 p., 29 F

Couverture du livreUne nouvelle collection pour les Editions Baleine avec cette Série grise qui s'adresse aux personnes de 72 à 83 ans ! Pourquoi pas ! D'autant que la lecture est aisée avec une police de caractère confortable. C'est Jean-Bernard Pouy (qui dirige cette collection par ailleurs) qui s'y colle et c'est pas triste. Imaginez  : une bande d'anciens qui fait un voyage dans le sud de la France accompagné par Ulysse (clin d'oeil à Homère), leur conducteur, qui les trouve sympas ces Anciens. Sauf qu'au bout de quelques jours notre conducteur-narrateur va s'apercevoir que sous leurs airs placides et bon enfants les vieux ne sont pas ce que l'on croit et qu'ils peuvent être dangereux. Pas du tout noir, ce "roman-nouvelle"  m'a bien fait rire avec les réflexions d'Ulysse ponctuées par les nombreux hymnes chantés par les Anciens pendant leur voyage comme par exemple celui-ci : "Les anciens, ça va ça vient, les vioques, ils tiennent le choc, le troisième âge c'est des sauvages !". Enfin un livre ravigorant sur les Anciens comme on en voit peu dans la littérature. 

L'OS
 

Moloch / Thierry Jonquet
Gallimard, 1998, 383 p., 42 F

« Si un homme des enfants d’Israël ou des étrangers qui séjournent en Israël livre à Moloch l’un de ses enfants, il sera puni de mort » (La Bible).

Voilà, la trame choisie par Jonquet pour son roman.

Les énigmes posées sont les suivantes : 

   Où se cache « Moloch » ?
   Où se cache « Dieu » ?

Des enfants sont trouvés carbonisés dans une maison abandonnée … où est Moloch ! ! !
Un peintre devenant aveugle demande l’assistance à un psychiatre.
Une petite fille hospitalisée est atteinte d’une maladie … il plane de nombreux doutes suite à l’aggravation de son état … où est Moloch ! ! !
Près de la maison abandonnée, un ancien militaire devenu SDF retrouve une petite fille.. Lui, il a baroudé … notamment en Afrique où il a eu pour mission d’enterrer au bulldozer des cadavres de gosses … Elle, (sauvée du carnage), était réduite à l’esclavage, à la prostitution. Il va partir en quête de la Vérité. Où est Moloch ! ! ! ! Où est Dieu ! ! ! !
 

La police enquête, la justice piétine. Moloch ouvre les portes sur le vif de l’Atroce avec les détails sordides …

Ce roman est stupéfiant. Il se lit d’un trait, on se demande comment les personnages, les situations vont s’emboîter. Le lecteur n’est pas seulement spectateur, il subit les détails atroces et il en sort indigné. Jonquet étonne, transgresse.
Les personnages sont réels. La psychiatrie joue son importance, autant dans le quotidien que dans un acte criminel. Les crasseux restent dans leur crasse et pour eux pas de lumière.

Les passages sur l’art contemporain … l’art corporel sont sublimes … le topo sur le cri de Munch est émouvant, captivant. L’auto-projection de l’art et de la vie nous aide à comprendre le chaos.
 

« Moloch » est un roman dérangeant, captivant à manger sans aucune modération.

Mais, attention à ceux qui oseraient à l’avenir toucher à un enfant ! ! ! !

QUEMOUL
 
 

La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules : récits / Philippe Delerm
Gallimard, 1997 (Collection l'Arpenteur), 93 p., 78 F

Mmouais !  Ces récits sur des petites actions de la vie quotidienne sont sympathiques ; on se plaît à ressentir ces moments d'autant plus forts qu'ils nous touchent car chaque personne a au moins vécu un de ces plaisirs : lire un roman d'Agatha Christie, acheter un croissant et le manger sur le trottoir juste après être sorti de la boulangerie, aller à une séance de cinéma, etc etc. L'auteur décrit admirablement ces petits riens si importants, on ressent parfaitement ces moments comme si on se trouvait dans le récit, on s'imagine à la place et goûtant à ces plaisirs. Le style est pour moi vraiment musical, on se laisse porter par le bercement du texte. Mais on reste quand même sur sa fin : il y'a trop de bons sentiments surannés qui fleurent bon la nostalgie tels le kaléidoscope, les petits pois à écosser, aller aux mures : dans notre monde contemporain peu nombreux sont ceux qui ont (désirent) ces plaisirs là ! Le choix est aussi discutable : l'auteur aurait pu aussi s'intéresser au plaisir que l'on ressent après l'amour serrés l'un contre l'autre, au plaisir de regarder un coucher de soleil, d'écouter le bruit continue d'une rivière, à  la grasse matinée, au plaisir de déféquer.... Mais il faut dire que les plaisirs sont si nombreux...
Finalement on lit ces récits comme quand  "on boit pour oublier la première gorgée" car comme le dit si bien l'auteur dans son passage consacré à la bière :  "c'est un bonheur amer". Les petits instants de plaisirs n'auront pas duré.

L'OS
 

Chroniques martiennes / Ray Bradbury
Ed. Denoël, 1997, 366 p., 42 F

Janvier 1999, une fusée décolle de la planète bleue en Ohio.

Sur Mars, deux êtres à la peau bronzée, aux yeux comme des pièces d’or, aux voix musicales : Ylla et Yll habitent dans une jolie maison aux murs de cristal …où ils mènent une vie tranquille.
Soudain, Ylla inconsciemment fredonne un air de chanson jusqu’alors inconnu par eux. Elle raconte, alors, à son mari son rêve incongru concernant un engin qui allait arriver avec deux hommes à bord, l’un d’eux se nomme Nathaniel York, et plus étrange encore, il a les yeux bleus, la peau blanche et des cheveux noirs … Il vient pour la voir, et, il l’emmènera sur sa planète. Yll devint jaloux, il voudrait croire que cela n’est qu’un rêve …

Mais, une fusée arrive sur la vallée bleue … Yll est là, une arme a la main …
Les gens sont pris de stupeur. L’atmosphère sur Mars semble déréglée … les cerveaux semblent possédés par une sorte de télépathie grandissante … une femme entonne un air dans une langue inconnue …

L’être humain vient-il les envahir ?

Ce livre qui fait partie de la collection  "Présence du futur" est fait de façon à vous faire accepter qu’il existe d’autres univers peuplés. Il nous montre aussi, l’égoïsme de nos choix, de nos réflexions. Les sentiments, la beauté de l’univers font réfléchir et témoignent du fait qu’il faut protéger et sauvegarder les richesses naturelles de la Terre mais aussi des autres planètes.

« Il est bon de renouveler les sources d’émerveillement. dit le philosophe. Les voyages intersidéraux ont refait de nous des enfants. »

NATH.
 

Les yeux dans le bouillon / Virginie Broquet et Pascal Rabaté
Casterman, 2000, 62 p., 59 F

Une famille de touristes arrive à « Behuard », un p’tit village. Durant cette pause, un vieux du coin va leur raconter les histoires d’inondations de la Loire ; en échange de se faire payer un coup : « C’est pas tout ça, mais avec ce temps à chier de la poussière, il fait soif … »

La première histoire met en scène Emile : fossoyeur. La terre du cimetière est meilleure que celle de son potager alors « à chaque décès, Emile échangeait la terre du cimetière, avec celle de son jardin … ». Mais une nuit, un cercueil remonte … Emile y voit l’œuvre de Satan ! ! !
La prochaine histoire concerne un couple de retraités parisiens. Le mari se perd d’amour pour le vin du coin, et il en remplit sa cave. Alors, sa femme décide de ne plus lui adresser la parole. Une inondation survient … le mari veut à tout prix sauver son vin ! ! !
La dernière histoire raconte, elle, le débarquement de deux hippies à « Behuard » … On voit leur arrivée, leur vie, leur quotidien. « J’aimerai taper de la cigarette qui fait voler ». Une inondation arrive … ils voudront, eux, sauver leur voiture à tout prix ! ! !

«Les Yeux dans le bouillon » est un p’tit bijou.
Les couleurs criardes de cette BD sont magnifiques, le dessin est flou, pas ordinaire, tordu … un délice.
Les personnages ont des vraies gueules …
C’est des véritables tranches de vie à la Rabaté : réalistes, émouvantes, drôles … un p’tit brin de surréaliste dans un quotidien campagnard avec son vrais parlé.
Un délire.

QUEMOUL
 

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